L'assassinat de Dupront père

Félix Dupront, âgé de 29 ans, propriétaire-cultivateur au Planté, commune de Francescas, et sa femme, née Banel, viennet d'être arrêtés sous l'inculpation d'assassinat commis sur la personne de Dupront, âgé de 83 ans, dans les circonstances suivantes:


Pendant une discussion qui s'éleva dimanche matin, vers neuf heures, à propos du curage de l'étable, Dupront père leva sur son fils le bâton qu'il tenait à la main. Celui-ci, ayant paré le coup, saisit le vieillard à la gorge, le renversa à terre et le maintint, son genou ssur la poitrine, pendant plus d'une demi-heure. Puis, le croyant mort, il s'en fut charrier du fumier.
A son retour, il lava la figure de son père, le monta dans son lit et fit un deuxième voyage. A midi, avant de dîner, il alla dans sa chambre et, voyant que son père respirait encore, il lui ferma la bouche et le nez jusqu'à ce qu'il ne donnât plus signe de vie.
Son forfait accompli, le misérable fut prendre son repas et, dans l'après-midi, vaqua à ses occupations habituelles.
Le lendemain, vers trois heures du matin, il alla prévenir ses voisins que son père venait de mourir. Ceux-ci babillèrent le corps et allèrent à Francescas déclarer le décès.
D'autant plus surpris de cette mort subite, qu'il avait vu, la veille, Dupront père en bonne santé, M. le maire refusa le permis d'inhumer vanat la visite du médecin. Les nombreuses ecchymoses que portait le corps demontraient suffisamment qu'un crime épouvantable avait être commis. La gendarmerie avertit le parquet de Néracn qui se transporta sur les lieux avec M. le docteur Darlan.
Par l'autopsie, celui-ci découvrit que trois côtes avaient été enfoncées et que le larynx était brisé.
Dupront fils nia d'abord être l'auteur du meurtre. Pressé de questions, il finit par avouer son crime et donner les détails que nous avons reproduits ci-dessus. il a été écroué à Nérac, ainsi que sa femme, dont le rôle ne nous paraît pas encore bien défini dans cette affaire.
Les époux Dupront avaient un fils, âgé de six ans, qui a été confié à la garde de la grand-mère. (1893)