Sénateur de Lot-et-Garonne

Disparition de Raymond Soucaret

C’est avec une profonde tristesse que nous vous annonçons la disparition ce week-end de Raymond SOUCARET, personnalité emblématique du Parti Radical et du Lot-et-Garonne.

Raymond SOUCARET a été un fervent défenseur de nos valeurs radicales. Maire de Francescas pendant plus de 40 ans, conseiller général, conseiller régional et sénateur respecté, il avait toujours à cœur de servir son territoire et le monde agricole, qu’il connaissait parfaitement, dans le respect de ses convictions. Le Parti Radical adresse à sa famille, ses amis, et à tous les Lot-et-Garonnais ses plus sincères condoléances.

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Francescas. Le maire, Raymond Soucaret, est mort hier

Publié le 09/06/2014 à 07:36

Toute sa vie, Raymond Soucaret aura gardé la passion de son village, Francescas, chevillée au corps./Archives

Photo de Raymond Soucaret

 

L'ancien sénateur et maire de Francescas Raymond Soucaret est mort dimanche au petit matin à son domicile. Ses obsèques sont prévues mercredi. Un monument du paysage politique d'ici disparaît.

Quand le béret était droit, pas de crainte à avoir. Quand il était de travers, l'orage grondait et quelques sous-préfets ou préfets s'en souviennent. Ainsi était connu Raymond Soucaret, né le 27 juillet 1923 à Baulens, commune du Nomdieu, décédé chez lui à Francescas dans la nuit de samedi à dimanche, vers 5 heures, à l'âge de 90 ans, après près d'un demi-siècle de règne sous le drapeau de la République dans son village, et du Parti radical.

Vingt ans

À La Dépêche du Midi qui l'interrogeait à la sortie de sa biographie en mai 2013, il avouait dans un sourire qu'il avait, aussi, «un caractère de cochon». Il avait aussi vissé en lui l'amour du terroir, de son Albret natal, de ce département dont il a été l'un des sénateurs entre 1981 et 2001. Deux décennies sous le soleil de la politique départementale, au conseil général, à Francescas dont il laisse les rênes de la mairie en mars dernier à Paulette Laborde, l'une de ses fidèles depuis que le monde est monde. Au Sénat aussi, où il défendait cette Gascogne où ce vieux chêne a grandi.

Les réactions vont se succéder avant les obsèques mercredi ou jeudi, en hommage à cet homme politique inusable, expert dans l'art du compromis. Cette seconde nature devenue une science chez lui explique sa longévité sur la planète politique. Et pourtant, «je ne regrette rien», expliquait-il lors de cet entretien marathon. Il était bavard.

«Je ne pense pas avoir le droit de regretter quoi que ce soit. Et j'ai sans doute commis beaucoup d'erreurs.» Au fond de son regard clair d'adolescent, on lisait des regrets, des joies, et la malice d'un élu rompu aux coups bas à prendre, à donner aussi. «Hier comme aujourd'hui, il y a ceux qui m'aiment, et ceux qui ne m'ont jamais aimé».

Séduction

Tous ont reconnu l'œuvre du maître, du maire, du conseiller général, du sénateur. «Il a le sens du moment politique», expliquait au présent Stéphane Baumont, son attaché parlementaire de vingt ans et biographe récent (lire «La Dépêche» du 26 mai 2013). «Capable de prévoir des résultats électoraux à dix voix près (…) Il avait la faculté de la séduction et chez lui, le terroir est chromosomique».

Peu à peu, il avait rangé ses casquettes multiples en s'approchant des 80 puis des 90 ans. À la tête du syndicat Eau 47, il est parvenu avec l'équipe de direction à ses fins : un prix unique de l'eau sauf pour l'agglo d'Agen. À son président Jean Dionis, il avait rappelé que, certes, il prenait acte des arguments adverses. «Mais il m'avait dit aussi qu'il ne faut pas oublier les femmes, les hommes dans la politique, qu'il fallait avant tout fédérer. C'était Raymond Soucaret, une belle personne, il était de chez nous, un homme d'ici.»

Émotion

Un homme que Christian Lussagnet, qui lui a succédé au conseil général, pensait «indestructible. Je n'imaginais pas qu'il puisse mourir un jour».

L'image de cet homme au parcours peu commun est indélébile. C'est le sens des mots de Gérard Pénidon, profondément choqué, hier : «C'était un grand bonhomme, un père pour moi. Il a fait ce que je suis. Excusez-moi, je ne peux pas en parler (…) Il nous reste à faire perdurer son esprit du partage et du respect des autres.» Un père pour le directeur d'Eau 47, un «grand-père» pour Alain Lorenzelli, maire de Bruch et successeur du défunt à la tête du Parti radical valoisien.

Il respectait aussi les arbitres, mais ne manquait jamais de les siffler en retour dans les gradins de la salle de basket. Il n'aura pas pu assister à la fête de Pentecôte, hier, dans son village, là où l'homme politique est né en 1965 comme conseiller, puis comme maire de Francescas à partir de 1968. Il manque juste dans le mot «fin» un de ces «R» qui roulaient sous une langue volubile.(La Dépêche)

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Les roses blanches de Raymond Soucaret

Inévitable. A presque 90 ans, Raymond Soucaret pense parfois à la mort. Une épitaphe?
"Non, je n'ai pas encore pensé."
Le maire de Francescas n'a toujours pas dit à sa famille ce qu'il souhaitait le jous de ses obsèques, qui seront religieuses. Il veut une chanson, "Les roses blanches" de Berthe Sylva décédée en 1941. Une des comtemporaines de cet aïeul de la politique en Lot-et-Garonne. Le jeune Raymond avait 18 ans, même pas l'âge de la majorité legal pour voter, quand les roses ont fané.
Ces roses blanches qu'un gamin vole à l'étal pour les offrir à sa mère à l'hôpital. Quand il revient dans la chambre, elle est morte, dans la chanson. Le visage de Raymond Soucaret s'assombrit, il pleure sur la jovialité faussement sérieuse du sénateur honoraire, du fils trop seul dans sa vie d'homme.

Le million

Aux éditions de l'Ixcéa parait début juin "Raymond Soucaret, ou le terroir au Sénat". Quatre-vingt quinze pages signées de l'ancien attaché parlementaire du sénateur Soucaret, Stéphane Baumont. Moins de cent feuilles pour résumer l'histoire d'un jeune chêne centenaire.
"En réalisant ce que l'on a fait" sourit l'arbre en question, " je me suis rendu compte qu'on avait oublié des choses". Ce tome I pourrait avoir un petit frère, qui raconterait encore l'histoire d'un arrière grand-père qui avoue lui-même avoir un "caractère de cochon" dans un sourire qui reste carnassier.
L'ancien basquetteur n'a pas oublié que le passage en force est une faute quand, avec sa casquette de capitaine du syndicat Eau 47, il s'en prend au maire d'Agen coupable selon lui d'avoir franchi la ligne jaune. Et quand il a reçu récompense pour un million de kilomètres parcourus au volant et sans accident politique ou routier, on peut siffler mettre en carton de la même couleur au cadet Jean Dionis.

Le roseau

Les années ont défilées au compteur, comme les décennies entre 1981 et 2001. Vingt ans de Sénat pour ce radical entré en politique par la porte de la Gauche démocratique. "De Gaulle a tracé une ligne continue qu'on ne peut pas franchir" estime celui qui a été président du Partie radical valoisien mais aussi pendant près d'un demi-siècle conseiller municipal, trois ans, puis maire à partir de 1968. Il transmet le témoin l'année prochaine. "Le radicalisme, c'est la tolérance (silence). C'est aussi savoir avaler des couleuvres sans trop de casse....."

Secret de cette longévité: l'art du compromis sans doute

"Quand on veut arriver à un objectif, il y a deux solutions". Sa main droite heurte sa main gauche."Soit on y va direct mais on finit par porter les traces de coups à la longue." La main gauche se glisse dans l'herbe imaginaire."Soit on se faufile dans les roseaux". Il n'a jamais été adepte du coup frontal. Pas comme Christian Laurrissergues, député d'Agen, qu'il confirme dans la courte liste des amitiés politiques au-dessus des barrières, des clans. "L'une des recettes, c'est aller chercher l'adversaire dans sa propre liste. Mais ça ne fait pas tout".
Dans le livre, une photo de lui avec Charles Pasqua. "Ils se ressemblent, tous les deux ont des dossiers sur un peu tout le monde "glisse un adversaire de Raymond Soucaret. Il en a".

La piaf

Ami politique il était aussi de "François-Poncet" comme il dit. En juillet dernier, Raymond rend hommage à Jean à la cathédrale Saint-Caprais d'Agen. J-F.-P., ministre, sénateur, président du conseil général, n'est plus, Soucaret toujours là."Je ne sais pas, si sa mort est la fin du poncétisme. Ce que je crois en revanche, c'est qu'Alain Merly était son dernier représentant au conseil général. François-Poncet à fait le mauvais choix en choisissant son successeur".
S'il a choisi Berthe Sylva pour passer d'ici à ailleurs, Soucaret ne regrette rien "comme dit la chanson. Je ne pense pas avoir le droit de regretter quoique ce soit. J'ai sans doute commis beaucoup d'erreurs dans le passé".

Le puits

L'histoire veut qu'il soit entré, en politique, grâce ou à cause d'un puits que l'un de ses prédécesseurs lui avait refusé pour la boulangerie qu'il entendait faire revivre.
Une histoire d'eau qui l'a peut-être poussé à devenir le patron toujours en poste dy syndivat Eau 47, entre autres cumuls de fonctions. "Hier comme aujourd'hui, il y avait ceux qui m'aimait, et ceux qui m'aimait pas." Et réciproquement. Quand on lui glisse le nom de Jérôme Cahuzac, il répond Gonelle, l'adversaire du premier. "Je lui connais tous les défauts. Et Villeneuve, àa fait longtemps qu'on en parle. Cette histoire est choquante parce que Cahuzac a atterrie en Lot-et-Garonne".
Le PACS était une bonne chose. Mais le mariage pour tous déclenche la colère de celui qui a marié sa fille, et son petit-fils sans sa mairie. Etre radical a ses limites.

La Dépêche 26.5.2013 (Stephane Bersauter)

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Un vieux chêne est mort

Publié le 09/06/2014 à 03:50

Toute sa vie, Raymond Soucaret aura gardé la passion de son village, Francescas, chevillée au corps

L'ancien sénateur et maire de Francescas Raymond Soucaret est mort dimanche au petit matin à son omicile. Ses obsèques sont prévues mercredi. Un monument du paysage politique d'ici disparaît.

Quand le béret était droit, pas de crainte à avoir. Quand il était de travers, l'orage grondait et quelques sous-préfets ou préfets s'en souviennent. Ainsi était connu Raymond Soucaret, né le 27 juillet 1923 à Baulens, commune du Nomdieu, décédé chez lui à Francescas dans la nuit de samedi à dimanche, vers 5 heures, à l'âge de 90 ans, après près d'un demi-siècle de règne sous le drapeau de la République dans son village, et du Parti radical.
Vingt ans

À La Dépêche du Midi qui l'interrogeait à la sortie de sa biographie en mai 2013, il avouait dans un sourire qu'il avait, aussi, «un caractère de cochon». Il avait surtout vissé en lui l'amour du terroir, de son Albret natal, de ce département dont il a été l'un des sénateurs entre 1981 et 2001. Deux décennies sous le soleil de la politique départementale, au conseil général, à Francescas dont il laisse les rênes de la mairie en mars dernier à Paulette Laborde, l'une de ses fidèles depuis que le monde est monde. Au Sénat aussi, où il défendait cette Gascogne où ce vieux chêne a grandi.

Les réactions vont se succéder avant les obsèques mercredi ou jeudi, en hommage à cet homme politique nusable, expert dans l'art du compromis. Cette seconde nature devenue une science chez lui explique sa longévité sur la planète politique. Et pourtant, «je ne regrette rien», expliquait-il lors de cet entretien marathon de plusieurs heures.

«Je ne pense pas avoir le droit de regretter quoi que ce soit. Et j'ai sans doute commis beaucoup d'erreurs.» Au fond de son regard clair d'adolescent, on lisait des regrets, des joies, et la malice d'un élu rompu aux coups bas à prendre, à donner aussi. «Hier comme aujourd'hui, il y a ceux qui m'aiment, et ceux qui ne m'ont jamais aimé».
Séduction

Tous ont reconnu l'œuvre du maître, du maire, du conseiller général, du sénateur. «Il a le sens du moment olitique», expliquait au présent Stéphane Baumont, son attaché parlementaire de vingt ans et biographe récent (lire «La Dépêche» du 26 mai 2013). «Capable de prévoir des résultats électoraux à dix voix près (…) Il avait la faculté de la séduction et chez lui, le terroir est chromosomique».

Peu à peu, il avait rangé ses casquettes multiples en s'approchant des 80 puis des 90 ans. À la tête du syndicat Eau 47, il est parvenu avec l'équipe de direction à ses fins : un prix unique de l'eau sauf pour l'agglo d'Agen. À son président Jean Dionis, il avait rappelé que, certes, il prenait acte des arguments adverses. «Mais il m'avait dit aussi qu'il ne faut pas oublier les femmes, les hommes dans la politique, qu'il fallait avant tout fédérer. C'était Raymond Soucaret, une belle personne, il était de chez nous, un homme d'ici.»
Émotion

Un homme que Christian Lussagnet, qui lui a succédé au conseil général, pensait «indestructible. Je 'imaginais pas qu'il puisse mourir un jour».L'image de cet homme au parcours peu commun est indélébile. C'est le sens des mots de Gérard Pénidon, profondément choqué, hier : «C'était un grand bonhomme, un père pour moi. Il a fait ce que je suis. Excusez-moi, je ne peux pas en parler (…) Il nous reste à faire perdurer son esprit du partage et du respect des autres.» Un père pour le directeur d'Eau 47, un «grand-père» pour Alain Lorenzelli, maire de Bruch et successeur du défunt à la tête du Parti radical valoisien. Il respectait aussi les arbitres, mais ne manquait jamais de les siffler en retour dans les gradins de la salle de basket. Il n'aura pas pu assister à la fête de Pentecôte, hier, dans son village, là où l'homme politique est né en 1965 comme conseiller, puis comme maire de Francescas à partir de 1968. Il manque juste dans le mot «fin» un de ces «R» qui roulaient sous une langue volubile.

Pierre Camani, sénateur, président du conseil général:"Le Lot-et-Garonne perd un homme politique au parcours hors du commun. Depuis 1946, Raymond Soucaret a profondément marqué l'histoire du Lot-et-Garonne. Il a porté la voix de ce monde rural qu'il aimait tant. Il aura été un artisan de la République des terroirs. Les combats politiques que nous avons menés nous ont souvent opposés, parfois ils nous ont rapprochés. Mais j'ai toujours eu beaucoup de respect pour l'homme, qui aura consacré sa vie entière à l'action publique et politique, preuve d'un engagement sans faille au service du Lot-et-Garonne et des Lot-et-Garonnais. Je veux aussi rendre hommage à ses qualités humaines. Il n'a jamais renié ses racines, au contraire, il conservera le bon sens des hommes de la terre, mais également ce franc-parler gascon qui le caractérisait si bien."

Alain Merly, conseiller général, dirigeant du Parti radical : «Je l'ai rencontré en 1992, année de mon arrivée au conseil général. J'ai appris la politique locale avec lui. Il incarnait le radicalisme agricole qui s'éteint avec lui. Il avait une vraie intelligence politique, et il savait en jouer. Il appartenait à cette espèce d'hommes qui s'éteint peu à peu dans ce département. J'aurais eu la chance de travailler avec eux.»

Jean Dionis, maire d'Agen, président de l'UDI 47: «Je l'aimais beaucoup. Pendant des décennies, il a défendu le monde rural et son village. Et il a été un grand chef d'entreprise, il ne faut pas l'oublier. J'avais salué en mon temps le fait qu'il nous rejoigne à l'UDI. Il avait le sens de l'intérêt général, il avait aussi le sens du compromis et il nous ressemble tous car il est de chez nous.»

Christian Lussagnet, conseiller général de Francescas: «Je l'ai toujours considéré comme indestructible. Je me disais récemment en lui rendant visite qu'il ne pouvait pas mourir. Je lui ai succédé au conseil général car il avait décidé d'arrêter mais jamais je n'aurais osé m'attaquer à un monument. Il avait une lucidité hors normes, y compris jusqu'à la fin. Il savait depuis peu qu'il allait mourir.» (La Dépêche)