Textes historiques, images et photos

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L'enplacement de l'ancien hippodrome

Jacques Besse, maire de Francescas et amteure de chevaux, créa l'hippodrome de Francescas -1860-1880.

1912: Nos fêtes. — Nos fêtes annuelles auront lieu les 2 et 3 juin. Une commission qui vient de se former s'en occupe activement.
Nous pouvons annoncer d'ores et déjà que le programme comprendra des courses de chevaux qui se feront dans la vaste prairie de M. Besse, mise à la disposition des organisateurs. Si on ajoute à cela des courses et jeux variés, une illumination et un superbe feu d'artifice, on peut dire à l'avance que les fêtes de 1912 compteront parmi les plus belles et les plus réussies. Nous faisons des voeux pour qu'elles attirent comme autrefois une multitude d'étrangers dans notre ville. Nous savons que le comité ne négligera rien pour cela.

La société hippique de Francescas vit le jour après la guerre 14-18.
Une piste en herbe, appelé la piste de Verdun, de 900 mètres fut aménagée sur la propriété de Montbrisson, au lieu-dit "Tinal", elle même propriété d'un Monsieur à Lavardac, et donc le petit bois portait le nom "de Lasserre".
Les différentes installations, tribunes en bois, baraques et barrières suivirent.
La situation champêtre de cet hippodrome était très agréable, les ombrages abritant les spectateurs, ainsi que les sous-bois permettant aux vans de stationner à l'ombre firent, que la journée des courses était très prisée autant par les spectateurs, que par le nombre des participants avec leurs chevaux.
La piste de herbe était pratiquement réservée aux trotteurs, une piste de steeple-chase fut aménagée avec des obstacles à l'intérieur de l'anneau.
La journée des courses était le dernier dimanche de mai.
C'était une fête pour les franciscains, qui venaient très nombreux grossir les turfistes, qui suivent ce genre de réunion.

Les tribunes de l'ancien hippodrome de FrancescasLes tribunes de l'ancien hippodrome de Francescas
Photos gracieusement mises à disposition par la famille Bachère

L'harmonie musicale participait en exécutant quelques morceaux entre les courses. La journée comprenait en principe cinq courses au trot attelé. Les petites et les grandes écuries régionales n'hésitaient pas à se déplacer à Francescas. Le nombre de partants était assez conséquent pour donner un intérêt à ces épreuves.
La sixième course était un steeple ou course obstacle réservée aux militaires des régiments de cavalerie des Hussards de Tarbes et les Dragons de Montaubans. Les chevaux, les hommes d'entretien et les sous-officiers, qui les montaient, arrivaient le jeudi en gare de Lasserre. Ils étaient transférés à Francescas, où les chevaux logeaient dans les écuries (encore nombreuses à cette époque) et les hommes chez l'habitant.
Très courues des turfistes, les courses de chevaux franciscaines ont fait l’objet de multiples articles dans les journaux jusque dans les années 70. "Les courses sont impatiemment attendues par les amateurs de la région. La Société hippique de Francescas est aussi renommée pour les toilettes printanières qu’il est habituel d’y arborer", selon un extrait du journal "La Depêche".
Tout ceci provoquait une animation inhabituelle et très prisée de tous les enfants.

Une course de trot en 1962

Le livre "Les Sport hippiques 1938" publié sous la direction du Commandant G.-H. Marchal - de la
SOCIÉTÉ D'ENCOURAGEMENT POUR L'AMÉLIORATION DU CHEVAL FRANÇAIS DE DEMI-SANG -
mentionne Francescas parmi les Sociétés subventionnées et cite Francescas comme une localité ayant une société de courses.

Vers 1963, la mairie a songé à la construction d'un camping, mais finalement c'est Raoul Cervera, qui acquerra ce terrain fin 1963, aussi appelé Bourdieu-du-Bosc, qui venait d'arriver après la libération de l'Algérie. La propriétaire des bois de Lasserre et les terres autour était Mme de Monbrison à Paris et les héritiers de Mme de Monbrion ont finalisés cette vente à l'amiable après le décès de celle-ci.
Entre temps la mairie de Francescas a déposé un plan d'occupation du sol, elle a créé un poste, et elle était donc prioritaire pour toute transaction.
Mais la "chambre d'agriculture départementale" s'y opposait et pendant ces tractations à ce moment-là et en 1971, Mr. Cervera et ses amis, principalement des pieds noirs, ont dont décidé de prendre les devants.
Environ 40 hommes armés de tronçonneuses ont envahies le terrain, protégé par des hommes avec des fusils et même des mitraillettes (datant de la guerre de l'Algérie). Finalement ils ont coupés tous les arbres de ce bois de Lasserre.
La fin de l'hippodrome avait sonné.

Voici une article paru dans le journal "Le Monde" en 1971:

La difficile coexistence des "pieds-noirs" et des Gascons

Deux cents rapatriés ont abattu le jeudi 4 mars, dans un bois, cent trente chênes pour protester contre un arrêté de la municipalité de Francescas (Lot-et-Garonne) (" le Monde " du 6 mars). Celle-ci projette de créer dans ce site un village de vacances, et par mesure de protection elle a interdit au propriétaire de supprimer des arbres. Cet incident met en relief les difficultés de coexistence entre deux communautés rurales.

Bordeaux. - On a brusquement reparlé des " pieds-noirs " dans le Lot-et-Garonne. C'est une histoire très gasconne de projets électoraux, de cèpes et de palombières. Deux cents rapatriés, tronçonneuse à la main, y ont rendu à l'un de leurs compatriotes de Francescas (cinq cent quatre-vingt-neuf habitants) cette manière de justice coléreuse qui garde l'accent de Bab-El-Oued. Les chênes ont fait les frais de ce mouvement d'humeur, qui ressortit à cet art brusque de la " grosse tête ", lequel permettait parfois, rue d'Isly, de sortir d'une discussion trop longue.

Le fait divers serait mince sans les souvenirs, les amertumes et les sentiments qu'il rappelle. C'est un bon révélateur. Parce qu'un maire radical socialiste, R. Soucaret, voulait récupérer pour son village de vacances les 24 hectares d'un bois " presque communal ". Parce qu'un agriculteur d'Orléansville, pressé par les mauvaises récoltes et l'exiguïté métropolitaine, voulait défricher un peu plus, deux communautés que l'on pensait définitivement assimilées se sont redécouvertes étrangères l'une à l'autre. Ce n'est pas la guerre. C'est peut-être, encore, l' " apartheid " adouci en pays occitan.

Le maire R. Soucaret à l'hippodrome de Francescas 1986

D'un côté, la trame enchevêtrée des silences, des prudences matoises et des calculs paysans qui font un village français. Dans ce pays de haies, de collines modestes et de " remembrement toujours en cours " où l'on s'en remet le plus souvent au calendrier et au baromètre pour décider de l'importance des choses.

De l'autre côté, l'empressement "conquérant" des " pieds-noirs " rêvant de bulldozers, de plantations grandioses et de révolutions agricoles. Pas toujours bien vus dans le pays, à cause du " prêt que l'on ne rembourse pas (1) " ou bien de la chasse interdite sur la propriété. La rencontre forcée de ces deux " sagesses " ne pouvait aller sans surprises, déceptions, catastrophes. Neuf ans après leur exode, aussi mélancoliques que les premières chansons d'Enrico Marias, les quinze mille " pieds-noirs ", dans le département du Lot-et-Garonne, ont gardé leur accent. C'est un signe.

" Ils pensaient introduire ici des méthodes de gestion et de culture nouvelles, dit-on à la préfecture d'Agen. Mais ils ont parfois mal apprécié les problèmes propres à l'agriculture locale, la climatologie capricieuse et le réflexe, traditionnel au pays, qui consiste à garder toujours au moins deux récoltes d'avance dans le bas de laine. "

Sans doute, la majorité des rapatriés parvenus en pays d'Albret, après de longues errances vers la Beauce ou la Champagne berrichonne, se sont-ils tant bien que mal recasés dans le petit commerce, la fonction publique ou l'industrie locale. Pour ceux-là, le bar du Continental ou le Café de la Poste, à Agen, servent chaque soir une anisette qui n'est presque pas nostalgique.

Sagesse ou paresse ?

En revanche, pour les six cent cinquante familles des agriculteurs brusquement confrontés aux traîtrises de la boulbène (mauvaise terre silico-argileuse), des propriétés de dernière catégorie, des grêles, et des crues de la Garonne, le bilan est amer. Endettés au maximum, déconcertés par les minuscules surfaces et la polyculture, ils ont multiplié parfois inconsidérément les grands projets et les initiatives. Il s'agissait de refaire une vie.

Dans les villages de Gascogne, on considérait en silence cette agitation ambitieuse dont le résultat devait confirmer ou démentir la sagesse locale. " S'ils avaient réussi, cela aurait été vexant pour nous ", avoue un habitant de Francescas. Mais, pour la majorité d'entre eux, ils n'ont pas réussi. On reparle donc avec une certaine complaisance de la " sagesse " à Francescas : " Si on a laissé pousser un bois de chênes depuis toujours à cet endroit, c'est que l'on savait bien que rien d'autre ne pouvait y pousser. "

Pour certains " pieds-noirs " cette prétendue sagesse n'est peut-être qu'une paresse travestie.

" En Algérie, soupire M. Emery Forzi, responsable du Front national des rapatriés pour le canton de Nérac, il suffisait d'investir et de travailler pour que cela marche. Nous n'avons pas toujours compris qu'ici ce n'était pas la même chose. Et puis, il faut le dire, nous n'avions pas l'habitude de cette forme de travail familial où les femmes, les grand-mères et les enfants vont aux champs, où personne ne prend ni vacances ni week-end. "

M. Emery Forzi, ancien colon de l'Ouarsenis, hésite un moment avant d'ajouter brusquement à la mode algéroise : " Nous n'avions pas compris cela, mais de toute façon nous ne l'aurions pas accepté. " Il y a décidément toujours du Castillan dans ce refus rageur des fatalités et des leçons étroites de la tradition. Un orgueil castillan tempéré par de fugitifs et fraternels épanchements. La propre histoire de M. Forzi dans ce pays de brumes tièdes et de soleil avare est d'ailleurs une sorte de fable. Cet administrateur d'une société arboricole rapatrié d'Algérie avec un capital de 3 millions a acheté 120 hectares dans la région de Gaujac, sur les bords de la Garonne.

" Nous avons planté immédiatement des pêchers et des pommiers en installant une entreprise moderne avec directeur, chefs de culture, comptables, appartements confortables pour les employés, etc. Pendant cinq ans de grêle et d'orages, les cultures n'ont pas rapporté un sou. Lorsque enfin nous sommes arrivés en production, c'était en pleine période de mévente. "

Après avoir emprunté aux banques et vendu, morceau par morceau, une grande partie du domaine pour subsister, la société est aujourd'hui en liquidation. Le domaine est vendu pour 1 million 200 000 francs avec un passif de 600 000 francs. Pertes en cinq ans : plus de 2 millions.

L'exemple de Gaujac n'est pas le seul. " Les " pieds-noirs " ont échoué à 80 % dans l'agriculture en Lot - et - Garonne, estime M. Forzi, mais le service d'émigration rurale, qui a donné son avis technique dans chaque cas en porte une part de responsabilité. "

Dans tout le pays, on trouve de plus en plus de propriétés mises en vente par les rapatriés. Plusieurs d'entre eux, d'origine espagnole, lorgnent désormais vers Alicante, Benidorm et prévoient de repasser bientôt définitivement les Pyrénées. D'autres, au contraire, s'obstinent avec un courage têtu et une foi renouvelée dans " la prochaine récolte qui sera la meilleure de toutes ". Les frères Cervera, propriétaires de 140 hectares et du bois coupé de Francescas, qui veulent s'en convaincre, précisent à l'intention du visiteur : " La terre est bonne. Qu'on ne nous raconte pas d'histoires ! Il sagit simplement de travailler, ce qui ne nous fait pas peur. Ici nous faisons tout nous-mêmes avec mon frère. Sans dimanche ni vacances... "

La salle à manger des Cervera, où voltigent maintenant en vrac des souvenirs de la campagne d'Italie ou de Sidi-Ferruch, est une pièce rude et sans fioritures. On y vit petitement, sans beaucoup de confort ni de douceur. A la mode gasconne. Dans leurs canadiennes épaisses, les Cervera ressemblent de plus en plus aux agriculteurs de Francescas. C'est peut-être une conclusion.
(1) Le montant des prêts et des subventions consentis aux rapatriés entre 1962 et 1969 s'élève à 226 857 905 francs pour le département du Lot-et-Garonne. LE MONDE | 22.03.1971

Les anciennes barrières de l'hippodrome

L'hippodrome fut donc supprimé en 1971 et la société organisa sa réunion sur l'hippodrome d'Agen, mais vu l'impossibilité de créer un nouvel hippodrome, la société fut reprise par la Société des Courses d'Agen, corps et biens.

Encore en 1984 il y avait un Prix de Francescas aux courses d'Agen

Pour compléter le chapitre hippique, il faut signaler un élevage de chevaux à Capitaine (route de Moncrabeau), un domaine avec un manoir gascon datant du 16e siècle, chez les frères Cassagneau. Les chevaux élevés étaient des chevaux de selle, de concours ou de trot. "Capitaine" s'appellait "Pelousset" entre 1670 et 1850.
Il faut se rappeler, qu'à cette époque, les voitures hippomobiles étaient encore, au début du 20ième siècle, pratiquement le seul moyen de locomotion, l'automobile était naissante à Francescas. Les chevaux participaient aux raids hippiques.
Un des frères Cassagneau était très ami avec Mr. Dupouy, propriétaire d'un restaurant dans l'immeuble de la mairie, côté Rue Neuve.
Un jour, ces deux hommes décidèrent, d'échanger leurs affaires, et donc Mr. Dupoy deviendra propriétaire de Capitaine et un frère Cassagneau du restaurant à Francescas.
Le soir de la signature de ce contrat, Mr. Cassagneau fêta tellement cet événement, que mort s'ensuive.
Il y avait aussi à Francescas une écurie de trotteurs pour la course, l'écurie Besse. Raoul Besse, fils de la famille Besse, marchand de grains, était le régisseur du Domaine de Montbrisson.
Les écuries étaient à la sortie du bourg, après l'école, résidence Jacques Bachère actuellement.
Il y avait en permanence quatre ou cinq trotteurs, qui nécessitaient un entretien et la présence d'un jockey driver.
Après la cessation de l'activité, suite au décès de Raoul Besse, Monsieur Désiré Bonnet, marchand de bestiaux de son état, à entretenu pendant des longues années deux ou trois trotteuses, soit aux Ecuries Besse, soit chez lui Route de Saumont, résidence actuelle de sa bru Gillette Bonnet.

Fernand COUTENS à Lombez (32) était un des éleveurs qui faisait courir ses chevaux à Francescas entre 1950 et 1965:
Originaire du Gers, terre historique de cheval, il fut marqué par son voisin M. Marcel Ransou, homme de cheval reconnu et professionnel de grand talent qui écumait alors les courses régionales et au-delà. C’est par celui-ci que le « virus » du trotteur lui a été communiqué.

Il se souvient:

Dès que je pouvais, j’allais « atteler » chez Marcel et évidemment je l’accompagnais aux courses le dimanche. Les hippodromes d’alors étaient quasiment tous « piste en herbe » : Gimont, Lombez Samatan, Saramon, Rieumes, Cazères, Francescas, Fumel...aujourd’hui disparus des événements trottistes…mais aussi quelques pistes en sable telles celles de Beaumont de Lomagne ou Grenade sur Garonne dont les dirigeants ou édiles locaux faisaient preuve d’initiative et d’avant-gardisme.

1849: Traité de l'élève du cheval dans le département de Lot-et-Garonne,... à Francescas
287 Chevaux et Jumaux de 5 ans et au-dessus, 26 Poulains et pouliches,
3 baudets et un cheval étalon non autorisés

BULLETIN OFFICIEL de la Société Hippique Française et d'Encouragement à l'Elevage du Cheval de Guerre 1931
Chevaux de pur-sang arabe ou anglo-arabe et de demi-sang qualifiés.
Mentions honorables:
Sans Peur, ch. al., par Sans Fil, d.s., et Sirène, par Simoun, d.s.; à M.Zacharie Cassagneau à, Francescas (éleveur de chevaux à Capitaine-Francescas)

1er CLASSE. —Poulains hongres (castré) et Pouliches de 3 ans, présentés en main. 2e DIVISION
à M.Z. Cassagneau à Francescas (Lot-et-Garonne). (éleveurs de chevaux à Capitaine-Francescas) 1931