Nous attaquerons les firmes en justice
20 juillet 2000:
JOËL COMBRES


La contamination de 2 571 hectaresde parcelles de maïs pour le seul département de Lot-et-Garonne ne constitue pas une surprise pour les responsables de la Confédération paysanne. Cependant, « c'est plus que ce que l'on redoutait », affirmait hier Dante Pontoni, responsable départemental de la Confédération paysanne, l'un des syndicats les plus engagés contre les OGM, avec le MODEF, la Coordination rurale, le comité ATTAC et le Comité de vigilance anti-OGM. Un collectif qui a battu campagne depuis plusieurs semaines pour ce qui est devenu aujourd'hui un combat d'arrièregarde : la destruction des parcelles contaminées et l'indemnisation des maïsiculteurs piégés par des semences jugées indésirables sur leurs cultures.
C'est d'ailleurs pour dénoncer ce que Dante Pontoni appelle « une fraude sur la vente de ces marchandises » que la Confédération paysanne entend à présent se placer sur le terrain judiciaire en poursuivant « les firmes qui ont vendu les semences ». C'est-àdire, pour le Lot-et-Garonne, la société de Francescas Épi de Gascogne, dont les représentants, hier soir, se refusaient à tout commentaire en l'absence de son directeur général.
Un temps, la Confédération avait envisagé de poursuivre au plan national avant de revoir sa stratégie, privilégiant ainsi une action en justice dans le département le plus contaminé de France. « Nous voulons plaider les conséquences économiques qu'entraîne cette fraude sur la marchandise. Avec l'espoir qu'un jugement favorable fera jurisprudence. Pour une fois, la Confédération passe du statut d'accusé à celui d'accusateur », affirme Dante Pontoni.
Une situation de nature à relancer le débat au sein de la profession agricole où tout le monde ne partage pas les vues alarmistes de ceux qui battent le pavé de la contestation anti-OGM depuis plusieurs semaines. Tandis que des notes techniques internes circulent aujourd'hui parmi les producteurs dans le but de désamorcer la bombe anti-OGM, ce sont essentiellement les syndicats minoritaires qui mènent le plus grand tapage.
La Confédération paysanne considère que la contamination massive enregistrée sur le département relève du « choix de variétés qui conviennent particulièrement aux terres du pays ». C'est-à-dire goldepic, goldaste, goldexpo, goldalisa, golduca, les variétés contaminés par les OGM BT 11, BT 176 et Monsanto.
Si dans l'ensemble les maïsiculteurs font le gros dos, ce n'est pas le cas des agriculteurs bio qui ont fait le choix de productions certifiées sans OGM. Entre autres exigences de leur cahier des charges. Au premier rang des victimes concernées par les conséquences de la dissémination des pollens pollués, ce sont les producteurs de semences de maïs bio, situés en zone de fortes cultures céréalières. Exemple, le secteur d'Aiguillon en vallée de Garonne.
De son côté, le Groupement des agriculteurs biologiques du Sud-Ouest (GABSO) a expédié trois lettres, à Laurent Fabius, Dominique Voynet et Jean Glavany. Le GABSO attend des ministres des finances, de l'environnement et de l'agriculture des fonds pour faire des analyses de leur produit. Une démarche renvoyant ainsi à toutes les incertitudes qui pèsent aujourd'hui sur les conséquences - désormais enracinées - des cultures génétiquement modifiées. (Sud-Ouest)