Francis Malisani : «Oui, cette fusion va nous coûter»

Publié le 24/10/2016 à 07:49

Âgé de 56 ans, Francis Malisani préside les coteaux de l'Albret depuis 2008./ Photo DDM Ch.C.

Francis Malisani

Président de la communauté des communes des coteaux de l'Albret depuis 2008 et après avoir succédé à Pierre Dagras, créateur de cette entité, Francis Malisani parle de cette future fusion. Avec un certain pessimisme...

Maire de Moncaut depuis 2001, Francis Malisani a été porté, sept ans plus tard, à la présidence de la communauté des communes des coteaux de l'Albret. Cette dernière avait été portée sur ses fonts baptismaux par Pierre Dagras suite à quelques divergences de vues avec «ses» amis du Val d'Albret. Francis Malisani a prolongé son bail lors des élections de 2014. Il évoque les dossiers de ce territoire et surtout ses craintes.

Que retiendrez-vous de votre présidence ?

C'est une grande expérience humaine avant tout, de pouvoir mener à bout quelques actions avec la participation de tous les maires de ces communes. Et globalement il y a une très bonne ambiance et une certaine harmonie au sein du conseil communautaire (N.D.L.R. : composé de 27 élus). On a veillé à ce que tout le monde soit impliqué. Nous avons réussi à regrouper la voirie et les bureaux ici à Francescas pour un meilleur fonctionnement. Un choix logique vu qu'il y a tous les services dans cette commune qui est la mieux équipée du territoire. On vient également de conclure la reprise de la microcrèche de Montagnac-sur-Auvignon (qui sera officielle à compter du 1er novembre, NDRL). On l'avait accompagnée depuis sa création.

A contrario, quelque chose que vous regrettez de pas avoir fait ?

On peut regretter de ne pas avoir assez développé le pôle enfance jeunesse. Un centre va être créé sur Mézin et entraîner, de ce fait, la fermeture sur Moncrabeau. Donc, c'est un peu un déchirement de ce côté du territoire. Il y avait un projet d'extension à côté de l'école. C'est un regret de ne pas avoir assez défendu ce point au moment de l'étude.

Cette fusion était-elle nécessaire ?

Je serai moins formel que mon collègue du Mézinais. Elle était, pour moi, semi-nécessaire. Elle était incontournable au niveau réglementaire. On avait le syndicat mixte qui regroupait les communes et qui faisait déjà un travail important au niveau des trois communautés. Cela pouvait continuer comme cela mais il y avait la volonté du législateur. Quant à avoir peur de la grosse commune quand il s'agit de regroupement, c'est un épouvantail qui est toujours agité.

Qu'est-ce que votre territoire peut attendre de cette fusion ?

Ce sont surtout les incidences que cela va induire surtout au niveau fiscal. Nous sommes la communauté à avoir la fiscalité la plus faible. Prenons un exemple, pour un foyer fiscal moyen, la fusion va coûter 100 € de plus, rien que par le fait d'harmoniser les taux. Oui, elle va nous coûter. Dans ces conditions, c'est difficile de faire rêver. Et en plus on perd le centre de loisirs de Moncrabeau. A court terme, il ne faut rien à attendre de cette fusion. A long terme, on demande à voir. Cependant, on est en confiance en comité de pilotage pour mener ce travail de fusion. Mais je le maintiens, cela ne nous fera pas faire des économies. Du moins de manière immédiate.

Que vont devenir les locaux de la communauté ?

A priori, il y a eu quelques petits changements par rapport à ce qui était prévu. Ici à Francescas, on accueillera le service de développement économique et le service voirie (initialement prévu à Mézin qui accueillera le pôle enfance jeunesse).

Qu'est-ce que cela va amener comme force à Albret Communauté ?

Je ne sais pas trop honnêtement. On va être sur un vaste territoire, pas très riche économiquement. Nérac, la ville la plus importante, est une petite locomotive.

À votre avis, quel sera le gros dossier de cette entité qui sera une des plus importantes du Lot-et-Garonne ?

Comme l'a dit mon collègue du Mézinais, la voirie sera essentielle pour Albret Communauté. Il va falloir harmoniser ce service sur le territoire. Nous avons pris du retard et cela est visible par la population. Après, cela reste un vaste territoire avec des différences d'enjeux. Les enjeux à Montagnac, Espiens ou Moncaut ne sont pas les mêmes qu'à Sainte-Maure-de-Peyriac ou à Saint-Pé-Saint-Simon.
Le projet prioritaire
Un territoire, vecteur économique

«Sur les coteaux, il n'y a pas de dossier en cours pour lesquels il va falloir batailler», explique le président Francis Malisani, contrairement au Mézinais qui attend son centre de loisirs (lire notre édition de lundi dernier). Cependant, l'élu sera vigilant notamment sur le développement économique du territoire qui a de sérieux atouts. A l'image de la zone d'activités du Caudan basée à Calignac et d'une superficie de 11 ha. «Elle avait été initiée par mon prédécesseur mais plantée par l'administration, explique l'élu, nous avons réussi à la débloquer. Cela a été un des gros enjeux. On s'est battu comme des chiens». Depuis sa création, cette zone économique est occupée «à 52 % de sa capacité». «C'est grâce à cette zone que nous avons pu avoir une société comme SES VanderHave», justifie-t-il. Cette unité de production a été inaugurée en juin 2011. Elle est implantée sur 2 ha dont plus de 3 000 m2 couverts. Elle assure la réception, le séchage et le nettoyage de semences de betteraves produites par le Groupe SES VanderHave.

«Pour l'heure, il n'y a pas de projet d'implantation. Elle pourra servir éventuellement pour des projets qui se présenteraient ou même dans le cadre du dossier d'Agrinov», souligne Francis Malisani. «Cependant, en ce moment, ce n'est pas l'Amérique». Calignac a d'autres atouts, à l'image de l'entreprise 2 Gareni, leader national dans son domaine et en plein développement international. Francescas compte aussi quelques fleurons économiques, notamment au niveau agricole.
Élection du président
Il sera le premier président

Francis Malisani marquera l'histoire d'Albret Communauté. Il en sera en effet, à compter du 1er janvier, le président par intérim (étant le président le plus âgé des trois qui fusionnent). «Cela s'est joué à quelques semaines», glisse-t-il avec le sourire. Un poste qu'il a envisagé de convoiter. «Oui, j'ai longtemps hésité à me présenter. J'ai attendu de voir le contexte général», poursuit-il. Même s'il «n'est pas encarté», le maire de Moncaut ne cache pas sa tendance politique «plutôt de droite, même centriste». Il ne voulait pas ajouter plus de turpitudes à droite. «Y aller à trois de sensibilité de droite, ça aurait été stupide», poursuit-il regrettant qu'un consensus n'ait pu être trouvé. En tout cas, il n'élude pas la tâche difficile et délicate qui attend le nouveau président durant ce mandat de trois ans «pour tout mettre en place». Il espère que la nouvelle équipe arrive à mobiliser pour maintenir un «intérêt communautaire». Regrettant que les trois candidats soient issus de la même communauté, il juge que d'accorder les premières vice-présidences aux autres territoires «serait un geste fort». Il ne fait pas fi de son intérêt. «Oui, je me positionne pour une de ses deux places», confie-t-il ne cachant pas son intérêt pour la voirie. Quant à choisir «son» candidat pour la présidence, il ne se positionne pas. Et de conclure : «Pour le moment. Ce n'est pas une chose à prendre au niveau de la politique pure. On verra qui sera capable de faire prendre la mayonnaise».